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Chaïkhana de la place Liab-i-Haouz à Boukhara, 2012. |
Boukhara (Buxoro en ouzbek), chef-lieu de la région homonyme de la république
d'Ouzbékistan, est située dans le delta du Zeravchan, sur le canal de Shakrud.
La région de Boukhara, qui comprend la vallée inférieure du Zeravchan et une
partie du désert du Kimirekkum, est bien reliée au reste du pays. Son économie
repose sur l'agriculture (coton, fruits, sériciculture), sur l'élevage (moutons
karakul, bovins) et sur l'industrie légère (tanneries, filatures, habillement)
ou lourde (le complexe de Boukhara-Khiva exploite le gaz naturel, qui est
envoyé par gazoducs vers l'Oural, la Russie centrale et les États voisins).
L'artisanat local (tapis, broderies, dinanderie) se maintient. La légende
attribue la fondation de Boukhara à l'antique roi-héros iranien Syavouch, dont
le culte est attesté à haute époque. Avant de devenir le khānat de Boukhara au XVIe
siècle, la région (antique Sogdiane, puis Transoxiane) avait été habitée par
les Saka, puis occupée tour à tour par les Yuezhi, les Huns Hephtalites et les
Turcs. Centre religieux iranien important surtout pour son accueil aux réfugiés
persécutés par les Sassanides (chrétiens, bouddhistes, manichéens), la région
devint un foyer de vie intellectuelle à l'époque islamique, d'abord sous les Samanides
(Xe siècle) puis sous les Turcs Qarakhanides (XI-XIIe siècles). Après une nette
régression à l'époque mongole, elle se releva sous les Tīmourides et connut sa
plus grande importance sous les Ouzbek Shaybanides (XVIe siècle). Elle ne
retomba pour un temps dans l'orbite persane au XVIIIe siècle que pour devenir
l'objet de la rivalité anglo-russe au XIXe siècle et finir par être englobée
dans l'Empire tsariste, puis dans l'U.R.S.S., avant de devenir un État
indépendant en 1991. Sa population est encore aujourd'hui très mélangée
(prédominance ouzbèke, forte présence tadjike, quelques Russes et Juifs),
s'élevait à 237 361 en 2001.
De nombreux témoins de la gloire passée de la
ville de Boukhara qui était avec Samarcande au cœur de la Route de la soie sont
encore visibles : mausolée d'Ismaïl Samanī, ensemble Kaylan, médersas Ulugh Beg,
Abd al-Aziz, Kukeldash et Nadir Divan-Begi, Tchor Minor, la mosquée Bolo Haouz
et bien d’autres mosquées et médersas réparties dans les quartiers populaires
et que l’on découvre au hasard de la flânerie. Les rues sont bordées de marchés
spécialisés, d’échoppes et de chaïkhani. Cette mixité de l’urbanisme constitue
le charme de Boukhara. Sans oublier le bassin de Liab-i-Haouz, lieu de
rencontre privilégié des boukhariotes. On s’y donne rendez-vous le soir,
installés sur les sofas ou assis sur les murets, on discute en buvant du thé,
les enfants jouent, le murmure des jets d’eau accompagnant la rumeur. J’ajouterai que Boukhara est la ville de savants, poètes et
écrivains comme le grand médecin et philosophe Avicenne, le poète Rudaki et le
savant encyclopédiste al-Biruni.
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Carte de l'Ouzbékistan. (Fond Google Map.) |
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Boukhara à la tombée du jour en 1999. Au premier plan : la citadelle Ark construite au XVIe siècle sous les Chaybanides. Au centre, l'ensemble Kaylan avec son minaret remarquable élevé sous les Qarakhanides en 1127. |
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Portail de la madrasa Nadir Divan-Begui construite par Nadir Divan-Begui en 1622. Photo 2010. |
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L'iwan de la façade de la mosquée Bolo Haouz (1712). Photo 2010. |
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Ruelle dans la vieille ville, 2010. |
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Place Liab-i-Haouz le soir, 2010. |
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Sources :
Jean Calmard, Boukhara, Encyclopædia Universalis.
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